Dimanche
Dimanche
taggé sur un mur
un poème de Kerouac
dans une chambre un Dimanche
après-midi de soleil
et de solitude
un article dans un journal
la société de consommation… le dimanche un jour
comme les autres
les mots des uns et des autres
solitude précarité mélancolie ennui
un jour injuste un jour absurde
un jour trop long un jour trop court
un jour avec ses habits et ses activités réservées
un jour raté un jour
libre
MAIS ALORS C’EST QUOI DIMANCHE ?
un nuage égaré
des oiseaux sur un fil comptant les passants
le silence de la rue le matin
le rire des enfants devant l’école fermée
des machines immobiles
des portes closes
l’attente
celui qui viendra… ou pas
une parenthèse dans l’ordinaire le quotidien
si banal
le lundi si proche
C’EST DIMANCHE AUJOURD’HUI
il y a du vide et du silence
et des rêves-rêveries
une fenêtre ouverte
un concerto de Brahms
moi et mon appareil photo
Et si les dimanches n’existaient plus…
Valérie Theninge
Février 2020
JARDIN D'HIVER
dimanche matin au bout du bout d'une impasse blotti entre béton et bitume vide de tout bavardage humain un jardin matin d'hiver les arbres nus se dessinent en noir sur le ciel blafard tels les griffonnages d'un peintre en quête d'inspiration comme une invitation au voyage voyage dans le temps d'hier je me souviens du jardin de mon arrière-grand-père je me souviens du jardin de monsieur H. je me souviens du jardin de la dame aux tortues je me souviens du jardin au coin de la rue et des carrés de pelouse piquetée de pâquerettes de la cité je me souviens des jardins de mon enfance se souvenir de rien de tout de tout un peu de rien du tout SILENCE le VIDE comme une invitation au voyage voyage dans le temps d'hiver cesser de parler de marcher au-delà de l'échelle humaine au-delà du temps quotidien plonger au cœur du végétal déchiffrer l'Ecriture du paysage dans un noir et blanc riche de tous les possibles presque rien tout est possible comme si de rien n'était comme si de rien naissait un nouveau jardin d'Eden Valérie Theninge 2 novembre 2019 |
LA DERNIERE FEUILLE
Aujourd'hui, le printempsdevant ma fenêtre
un arbre
noir
nu
au bout du bout de sa branche
nue
noire
recroquevillée une dernière feuille
Combien de temps encore ?
dans le vent et la pluie
et la neige
frissonnante
grelottante
au bout du bout de sa branche
la dernière feuille
jusqu'à quand ?
sur fond de ciel bleu
noir
nu
l'arbre devant ma fenêtre
totalement nu
jusqu'au bout du bout
de toutes ses branches
Bientôt le printemps...
Valérie Theninge
20 mars 2019
CECIL IDYL
Aujourd'hui, c'est dimanche, le ciel est gris et invite à une certaine nostalgie. Alors, je me ressouviens...Il était une fois
un vélo
un vélo d'enfant
vieux
on devine qu'il fut
BLEU
bleu impérial
comme ces porcelaines venues d'au-delà
d'au-delà de la mer
d'au-delà de la montagne noire
dans la pente douce de l'allée
de la grande maison
VIDE
doucement envahie par les herbes folles
à l'ombre
du grand arbre
-un tulipier de Virginie-
il g^it sur le flanc
et il se souvient d'autres chants
d'un pays lointain
d'au-delà de la mer
d'au-delà de la montagne
NOIRE
arrivé
parmi les rires
et les chants
parmi les musiques et les danses
il y a longtemps
avant le temps de la Guerre
avant le temps du grand silence
des années durant
Quelle est ta couleur ?
Ma couleur est lumière et mon silence est symphonie
Quelqu'un vient
et puis s'en va
et passe le temps
et passe la musique du vent
dans le feuillage
du tulipier de Virginie
une feuille puis une autre
se balancent
se frôlent
se frottent
vibrato
decrescendo
jusqu'au SILENCE
et le temps vient
et le temps va
et recommence la musique
ça a paru des années avant
avant que ne se rejoue la mélodie
des cris et des rires
et des chants
leçon - récitation - punition
DISCIPLINE
et dans l'escalier des enfants en rang
et dans la cour des enfants jouant
avec un vélo d'enfant
des enfants s'éparpillant
laissant sur le tableau
des mots à demi effacés
reverrai-je... avant... j'avais... demain...
parce que d'ici
AUSSI
il faut partir
Quelle est ta couleur ?
Ma couleur est lumière et mon silence est symphonie
Et le temps vient
revient
et parce que le silence n'est pas silence
comme une autre musique
quand
le vent se met à souffler
sur les dalles de la terrasse
usées
par des pas et des pas
dans leurs robes flamboyantes
les feuilles d'automne
se mettent à danser le madison
la maison se met à craquer
et chuchoter
il était une fois
un vélo
un vélo d'enfant
oublié
dans le jardin
près du grand tulipier de Virginie
qui se souvient
les nuits d'été
de ce chant d'avant
et d'avant avant
et qui rêve
de rentrer dans la maison
SOMBRE
et empoussiérée
d'allumer les lumières
ouvrir grand portes et fenêtres
et crier
tel le poète en colère
"De ce chaos renaîtront
les Troyens de l'Exil"
Quelle est ta couleur ?
Ma couleur est lumière et mon silence est symphonie
Valérie Theninge
20 janvier 2019
GUEULE DE BOIS
Aujourd'hui j'ai photographié des sapins de noël des sapins d'après noël ça et là sur les trottoirs gris tristement dépouillés de leurs décorations c'est l'époque de l'année où les gens se débarrassent de leur arbre de noël comme ils se débarrassent chaque jour de leurs déchets comme ils se débarrassent de leur chien à l'approche des vacances de leurs vieux trop vieux... ces arbres magnifiés pour les fêtes ne sont plus que des morceaux de bois jetés abandonnés reniés cependant certains des plus nus dégagent une odeur de pinède comme un souvenir des forêts de leurs ancêtres ou un avant-goût du paradis des arbres Nuit de led et de néons les odeurs de la ville en fin de journée des odeurs de fatigue pollution poubelle pinède... ?!? en vrac sur les trottoirs les sapins de noël après noël Valérie Theninge 6 Janvier 2019 |